Trouver sa place est une préoccupation récurrente chez tous les Cordialistes, chez ceux qui partent comme chez ceux qui reviennent. Et c’est bien normal, puisqu’il s’agit d’une question existentielle que chacun se pose.
Trouver sa place ne va pas de soi : c’est toujours un long et patient travail d’ajustement avec soi d’abord, avec les autres, avec le monde,
marqué par une lente transformation de nos représentations, de nos a priori, de nos habitudes, au contact de nos rencontres et de nos expériences heureuses et malheureuses. C’est bien à cette
confrontation avec le réel qu’incite Intercordia en proposant aux jeunes dans la formation avant leur départ, quelques outils qui leur seront utiles pendant leur mission: connaissance de soi,
initiation à l’écoute, gestion des conflits, sensibilisation interculturelle etc. Autant d’éléments, qui associés à l’écriture leur serviront de boussole et leur donneront le recul nécessaire
pour relire leur expérience et évaluer leur présence au monde, mais qui leur serviront également pour toute leur vie.
Car cette harmonie espérée entre soi, les autres et le monde, qui est le signe que l’on a trouvé sa place,
reste toujours fragile. Elle est souvent bousculée, remise en cause par de nouvelles interactions liées à de nouveaux contextes humains, culturels ou politiques. Finalement, trouver sa place,
n’est peut-être que la certitude intérieure de vouloir et de pouvoir s’adapter, pour apporter, humblement,
à sa mesure, sa contribution à la transformation du monde.
Françoise Laroudie, Présidente d'Intercordia
« Trouver sa place dans la société» n’est pas un problème récent. Déjà les stoïciens en faisaient l’une des principales étapes vers la sagesse.
Notre première responsabilité, disait Sénèque, est de se faire une bonne représentation du monde qui nous entoure. Si l’on change de territoire, il faut être à l’écoute de la représentation du monde de ses habitants. C’est bien ce que vont vivre tous les Cordialistes lors de leur mission. Les habitudes, les valeurs, les modes de relation dans ce territoire doivent être observées avec soin de manière à comprendre les comportements qui y sont pertinents. Il est important de s’interroger, lorsqu’un comportement nous étonne, en réfléchissant aux changements à apporter à notre propre façon d’agir et de communiquer. S’il est vrai que cela n’est pas facile, les bénéfices de ce travail sur soi nous serviront tout au long de notre vie. Nous saurons nous adapter à tous les environnements parce que nous aurons appris à élargir notre vision du monde en identifiant celle des autres. Or, découvrir que notre représentation du monde n’est pas la seule possible et savoir découvrir celle de ceux avec qui nous vivons, est une qualité utile partout dans le monde.
La seconde étape vers une vie bonne, donc vers la sagesse, est de trouver sa juste place compte tenu de ses valeurs et de ses compétences dans l’organisation dans laquelle on souhaite s’insérer. Cela implique d’être au clair sur la finalité du projet de cette organisation et d’y adhérer.
La grande tentation qui risque de se produire lors de notre intégration est « le désir mimétique » de la place d’un autre :
C’est la source de bien des conflits, nous dit René Girard, et l’explication de bien des violences. Cela détruit la confiance et peut nous conduire à devenir un bouc émissaire dont l’exclusion est programmée. Le désir mimétique est, en fait, une trahison des talents uniques qui sont les nôtres. Notre responsabilité est justement de trouver la place où nous pourrons déployer tous nos potentiels uniques et en faire bénéficier le collectif ? compte tenu de sa culture.
Conscient de la présence de ce danger permanent, il faudra éviter de s’imposer, en commençant par observer, comprendre les attentes du groupe et négocier notre place à partir de nos attentes et de celles de l’organisation. Une bonne façon de s’intégrer à une équipe est d’aider les autres à trouver leur place légitime. C’est ainsi que nous pouvons contribuer à construire une équipe où l’on coopère. Nous pouvons alors accéder à « une vie relationnelle bonne » dans une organisation où chacun peut mettre en œuvre ses compétences au service du bien commun. Voilà un pas important vers la sagesse.
Gilles Le Cardinal, Co-fondateur d'Intercordia
Margot Vappereau est une jeune cordialiste qui au terme d’une formation médicale, d’un parcours Intercordia (dans le cadre du Master de l’Ircom Solidarité internationale et action sociales) et de plusieurs missions auprès de Première Urgence Internationale, a su transformer cette expérience interculturelle en un projet professionnel prometteur Elle a créé et anime "Expatez-Vous !" une structure d’accompagnement dédiée aux expatriés français quelle que soit leur situation d’expatriation. Au travers de cet interview, elle nous livre les clefs d’un mission accomplie et heureuse ainsi que celles d’un retour réussi.
Margot, à ton arrivée au Kurdistan irakien as-tu eu rapidement l'impression d'y trouver ta place ?
En réalité ma double formation technique et généraliste m'a permis plus facilement d'être à l'aise dans le poste qui m'était confié, la responsabilité d'un centre de soins dans un camp de déplacés au nord de l'Irak.
J'ai été plus déroutée par des habitudes culturelles bien différentes des miennes.
Je pense particulièrement à la place de la femme dans cette société, et à la légitimité que j'avais à faire reconnaitre en tant que professionnelle et tout simplement en tant que femme.
Quelles sont les qualités qui te paraissent indispensables pour asseoir cette légitimité ?
Avant tout la constance, la régularité et surtout la capacité à dire ce qu'on fait et à faire ce qu'on dit. En termes de légitimité et de crédibilité, cela n'a pas de prix.
Quelles sortes de difficultés as-tu ressenti au cours de ta mission ? Et comment les as-tu surmontées ?
J'ai souvent éprouvé un sentiment de colère et d'injustice devant le sort des femmes et des enfants que je côtoyais : une enfant de 12 ans mariée si tôt par exemple, ou bien l'interdiction pour moi de sortir les cheveux mouillés, j'étais alors assimilée à une femme de mauvaise vie. Ce sont des habitudes culturelles qui me mettaient très en colère.
J'ai parfois eu des réactions qui n'étaient pas appropriées mais j'ai toujours cherché à en parler avec quelqu'un qui pouvait me préciser et expliquer les règles de base culturelles. J'ai voulu transformer cette colère en quelque chose de positif, mettre en œuvre un projet de santé réservé uniquement aux femmes. Elles pouvaient ainsi aborder des sujets touchant leur santé et celle de leurs enfants dans le seul espace où les hommes acceptaient de ne pas intervenir. J'ai vécu cette expérience comme une petite victoire, et d'en avoir été remerciée par la direction du camp m'a fait comprendre que ma place était bien là.
Que conseilles-tu pour mieux se préparer à la fin de mission et au retour ?
Il faut être bien conscient que la mission a une fin et qu'on n'est pas voué à rester. Mais il est indispensable de trouver un espace qui permette de libérer la tristesse et les émotions bien légitimes ; une session retour bien menée, et un accompagnement dans la durée pour prendre du recul et mieux comprendre ce que nous sommes devenus au travers de cette expérience. C'est la raison pour laquelle j'ai créé « Expatez-Vous ! »
Et toi Margot , comment as-tu repris contact avec tes proches
?
J’ai tenté de leur partager mon expérience et mes émotions grâce à un compte
rendu un peu joyeux de ma vie là-bas. Par exemple, j’ai préparé un repas traditionnel ou un défilé de costumes (par contre, évitons les séances photos)
Mais au retour s'impose un vrai travail de bilan : « de moi à eux et d'eux à moi ». Je conseille toujours de les questionner sur la façon dont ils ont vécu eux même l'éloignement. Car tout ce qui se vit au retour se prépare dès le départ. Il faut donc intégrer ses proches, famille, amis dans le projet, ils se sentiront ainsi concernés. Cependant le vrai soutien se trouve auprès d'amis qui ont pu partager le même type d'expérience. Rester en contact avec des collègues ou des amis rencontrés sur place peut aider à adoucir la solitude du retour.
Interview réalisée par une tutrice Intercordia
Trouver sa place au cours de sa mission de solidarité a été évoqué mais qu’en est-il de (re)trouver sa place au retour, dans sa société d’origine ? L’Institut de l’Engagement s’est ainsi donné pour mission d’aider les jeunes volontaires à valoriser leur expérience de solidarité à sa juste valeur et par ce biais (re)trouver une place épanouissante dans notre société. Plusieurs Cordialistes sont Lauréats de l’Institut de l’Engagement … vous pouvez retrouver la rencontre avec l’une d’elle, Intercordia et l’Institut de l’Engagement, dans cette vidéo.
En effet, le Cordialiste et tout autre volontaire sera confronté au challenge de revenir dans son pays d’origine, à une vie qu’il a quittée plusieurs mois plus tôt. Ses proches auront continuer à vivre « sans lui », et lui se sentira souvent transformé par cette expérience ; rendant flou son avenir qui semblait tracé ou au contraire ayant fait naître de nouvelles aspirations.
Ainsi, « L'Institut de l'Engagement conseille et accompagne des milliers de jeunes qui se sont engagés dans un volontariat (Service Civique, Corps Européen de Solidarité...) ou un bénévolat soutenu pour leur permettre de valoriser leur engagement et structurer leur projet d’avenir. L’Institut de l’Engagement a été créé en 2012 pour ouvrir grand les portes à celles et ceux qui se sont révélés par leur engagement au service de l’intérêt général, et leur permettre de réaliser un projet d’avenir à la hauteur de leurs qualités.
Ouvrir pour ces jeunes, quel que soit leur bagage scolaire ou culturel, quelles que soient leurs origines sociales ou géographiques, une nouvelle voie républicaine vers des études, vers l’emploi ou la création d’activités, c’est redonner à ces jeunes des chances que le système actuel ne leur offrait plus, c’est répondre aux besoins des établissements d’enseignement, des employeurs, de toutes les structures qui souhaitent diversifier leurs recrutements […] Ouvrir ces jeunes sur les grands enjeux du monde contemporain, leur donner les clés pour porter leur projet et pour agir face à ces enjeux, c’est former une nouvelle génération de citoyens responsables, porteurs des valeurs d’engagement. »
Tout comme Intercordia, L’Institut de l’Engagement s’engage donc auprès des jeunes pour les aider à trouver leur place.
Irène de Vial
Suis-je légitime ? Pourquoi suis-je là ? A quoi je sers ? Suis-je vraiment utile ? Comment rester dans cette ONG dont je ne partage ni les objectifs ni les méthodes ?...Ces questions, souvent vécues douloureusement, on les retrouve parfois posées, à partir des expériences de certains Cordialistes dans leur mémoire.
“Je me suis sentie en échec, car je ne voyais pas mon utilité...Ce ressenti accentuait cette impression forte de m’être déplacée au Brésil pour rien...” (Elodie)
“Ni stagiaire, ni assistante sociale..., je me suis longuement interrogée sur ma légitimité, tant auprès des jeunes que de l’équipe”. (Lila)
“Plus encore que de me sentir inutile, c’est le manque d’intérêt pour mes propositions qui m’interpellait.” (Emmanuelle)
Le volontaire, souvent parti dans une vision idéalisée de l’aide qu’il va apporter, peut avoir la sensation de ne pas trouver sa place, de ne pas faire avancer les projets, de ne pas les faire aboutir. La déception et la frustration s’installent, le découragement et parfois l’envie de rentrer guettent. Dans une telle situation, comment faire face ? Ecoutons les cordialistes
“Ce fut pour moi une grande remise en cause...mais je me suis rendu compte que ma légitimité venait du simple fait de ma présence au sein de la Communauté des Sœurs, de la qualité des liens créés et non de mes seules actions... Je regarde cette expérience à travers l’enrichissement et le bouleversement intérieur qu’elle m’a apportés”. (Elodie)
“Après un certain temps, tout s’est décanté peu à peu... l’ambiance chaleureuse de l’équipe m’a permis de me sentir actrice de l’association...” (Lila)
“Mon travail a été présenté plus tard et approuvé. Et ma manière d’aborder le conflit a changé. Il faut être ouvert aux demandes de l’autre et s’adapter. Quitter son interprétation du monde et envisager celle de l’autre..”.(Emmanuelle)
« En étant loin de tout ce qui m’était familier, j’ai pu découvrir ma véritable identité. En fait, je dirais que c’est même plutôt au retour en France que j’en ai appris plus sur moi-même. En France, avant cette expérience, j’étais une certaine personne ; au Cambodge j’étais quelqu’un d’autre. Je me suis adaptée au mode de vie cambodgien […]. Je m’y suis peut-être un peu trop adaptée d’ailleurs, mettant de côté une partie de ma personnalité. Ce n’est qu’à mon retour que j’ai su faire la part entre ces deux personnes et garder ce qui me correspondait le plus dans chacune d’elle », (Agathe, volontaire, au Cambodge.
Comme on le constate, être à sa place ne dépend pas seulement de ce que l’on sait faire et de ce que l’on fait. Être à sa place, c’est d’abord l’attitude que l’on adopte vis-à-vis du monde nouveau et différent dans lequel on est plongé, de la priorité donnée à la rencontre et à la création de liens, du passage de schémas simplistes sur l’aide à une compréhension des attentes et des besoins réels des autres.
Un article rédigé par les membres du G04. Photo : Chiraz Haddad, une Cordialiste volontaire avec le JRS en Grèce
Qu’est-ce qu’ « ÊTRE A SA PLACE », se demande Claire MARIN, professeure de philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles et membre associé à l’ENS Ulm ?
L’auteure formule cette expression « être à sa place » comme si elle tenait en main un gros caillou, et, que, en le faisant rouler entre ses doigts, elle en détectait toutes les aspérités.
Son livre, facile d’accès, se découpe en chapitres courts dans lesquels elle interroge les différentes facettes d’ « être à sa place » dans nos vies. Alors, ouvrons-le !
« Être à sa place » ou ne l’être pas ? Un vrai dilemme auquel il n’est pas simple de répondre. Claire Marin, de chapitre en chapitre, nous confronte à la tournoyante polysémie du mot « place », terme à la fois concret et abstrait, qui a cette particularité de désigner du plein et du vide. « Être là sans être là » ?
Faire de la place, tenir sa place, rester à sa place, ne pas tenir en place, parler à la place de, avoir une place…Qu’elle soit géographique, familiale, sociale, affective, la place s’avère la grande question de nos jours si on pense aux migrations, aux pandémies, aux déplacements de populations atteintes par le dérèglement climatique, aux transfuges…
Dans le chapitre « Logique de l’effraction », à la question « comment se frayer un chemin », elle répond p 85 : « Pour changer de place, je traverse d’autres lieux et les laisse me traverser en retour et me transformer. » p 86 « Il ne s’agit pas seulement de partir, dit-elle, mais de briser quelque chose qui nous encercle, il ne s’agit pas de fuir ou de s’évader, mais d’ouvrir vers l’extérieur, de créer une brèche, de faire passer la lumière. L’effraction, c’est littéralement, le fait de briser (fringere) pour…permettre un élan vers l’ailleurs, le dehors, l’autre mais aussi laisser l’ailleurs ou l’autre entrer. »
«Ne pas se sentir à sa place, c’est … peut-être se sentir mal dans sa peau…Détester son apparence, scruter les changements de son corps avec inquiétude, à treize ans ou à cinquante. » A ce sentiment de malaise, de cette envie de changer de corps, de la tentation de le remodeler, Claire Marin affirme que « Le corps est d’abord un « ici », un lieu contingent dans lequel je suis coincé. p141 Il est la condition de cet ailleurs puisque que je ne peux me déplacer sans lui, mais reste le premier lieu, celui que je ne peux pas quitter… Je suis rivé à lui. Il n’est jamais sous un autre soleil. »
Où est alors ma place ? « On se sent à sa place sans doute dans l’amour grâce aux gestes d’affection. Grâce à ce sentiment d’une chaleur intérieure, grâce à l’intensité de cette présence à soi et à l’autre qui nous traverse… Dans l’amour, je suis irremplaçable. Auprès d’un parent malade, auprès d’un enfant né trop tôt, auprès de celui ou de celle que j’aime, quelle que soit la forme de cet amour, quelle que soit la nature de cette relation dans laquelle il s’incarne et se décline ».
« Où suis-je sur la photo de famille ? … Quelle est ma place dans ce grand puzzle des emboitements familiaux ? Est-ce l’ordre des naissances, la fragilité psychique d’un parent, l’existence tragique d’un autre qui me définissent psychologiquement ? » p 147 L’auteure suggère de « regarder au large plutôt que fouiller les placards empoussiérés, interroger la place de l’altérité dans notre histoire au lieu de se définir dans la familiarité et la répétition… Mélanger les cartes et imaginer autrement le jeu des influences et la répétition. p 149 « Grandir, c’est composer, combiner les éléments disparates issus d’histoires différentes, c’est créer, dans cet équilibre précaire, une place pour soi qui ne nous préexiste pas. »
Autre interrogation sur les « Déplacés » « Puis-je me faire une place là où le hasard me jette ? … Ne suis-je pas condamné à la nostalgie de cette place perdue, nostalgie d’une famille et d’une langue ? Car c’est bien ce qui manque aux déplacés,… le cercle affectif et le foyer symbolique de la langue maternelle ». Certains ne retrouveront jamais de place. Ils sont, pour toujours, déplacés.
Et Claire Marin ajoute : « Être englouti sous les mers, abandonné dans le désert ou parqué dans des camps. Mais certains disparaissent tout autant au milieu des foules qui ne veulent pas les voir. Quelle que soit l’ampleur de la catastrophe personnelle traversée par ces hommes, ces femmes ou ces enfants, l’ironie la plus cruelle est sans doute dans le spectacle d’un monde indifférent, sans stigmates de l’horreur vécue, un monde resté en place. »
Dans les dernières pages de son livre, Claire Marin nous invite à « Penser le déplacement ». « Aujourd’hui, dit-elle, les frontières ne sont plus seulement poreuses, elles s’effacent, dans un mouvement rendu possible par les nouvelles technologies de la distance et accéléré par la crise sanitaire du Covid. Les emplacements se superposent. La sphère de l’intimité est envahie par celle du travail, qui s’invite dans le salon ou jusque dans la chambre. Confusion des espaces, confusion des rôles et des personnages, contamination des identités. »
Et elle ajoute : « On ne se sent pas à sa place sans s’insérer dans un espace social, on ne se sent pas à sa place dans une place assignée, on change de place au fil de l’existence. Il a été finalement autant question de déplacement que de place. »
Livre constructif, s’ajustant bien à l’époque dans laquelle nous sommes où il y a une injonction sociale à trouver sa place. Claire Marin nous ouvre moultes horizons tout en faisant référence à d’autres auteurs. Elle nous entraine dans sa quête, nous donne des clés et nous invite aussi à trouver notre propre réponse : Suis-je à ma place ?
Un article écrit par Françoise Ziegler, tutrice Intercordia